Banquet Royal

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Homélie prononcée le 11 octobre 2020

Frères et Sœurs,

Ce grand banquet servi par un roi pour célébrer les noces de son fils dans la parabole que nous venons d’entendre, c’est le grand repas que Dieu nous sert dans nos églises pour célébrer les noces du Christ avec l’humanité qui croit en lui et qui l’aime. Ce grand banquet, c’est l’Eucharistie, c’est la messe que nous célébrons chaque dimanche dans laquelle dès ici-bas, comme l’a dit le prophète Isaïe, « Dieu fait disparaître le voile de deuil qui couvre tous les peuples, et vient effacer les larmes de nos yeux en faisant disparaître la mort pour toujours. »

Car, même lorsque l’un d’entre nous meurt et que nous célébrons ses funérailles, nous les célébrons toujours dans la foi en la résurrection du Christ, dans la ferme espérance de notre propre Résurrection, et dans la présence au milieu de nous de l’Amour plus fort que la mort. Par la bonté de Dieu notre Père et notre Roi, l’eucharistie du Christ nous fait déjà toucher l’éternité parce qu’elle nous fait communier au Christ ressuscité. L’eucharistie nous aide à nous aimer les uns les autres parce qu’elle nourrit en nous la même foi chrétienne qui nous rapproche les uns des autres, même si nous n’en sommes jamais assez conscients, et même si nous ne prenons jamais assez le temps de nous le dire les uns aux autres. L’eucharistie de Jésus le Christ, la messe du dimanche et de tous les jours, nous fait déjà goûter le paradis alors que nous sommes encore sur la terre. Voilà le banquet que Dieu nous sert. Qui n’en voudrait pas ? Qui ne le désirerait pas ?

Beaucoup de monde hélas, beaucoup de nos concitoyens qui ne savent pas, ou qui ne veulent pas savoir. Nous ne sommes qu’un petit nombre à côté des multitudes invitées qui ne répondent pas ou qui préfèrent leurs commerces, leurs activités sportives du week-end, leurs plaisirs, leurs intérêts, bref, leur vie plutôt que la vie de Dieu, ou, pire, qui méprisent les amis de l’époux et qui quelquefois même peuvent aller jusqu’à les tuer. Trop de nos contemporains, Frères et Sœurs, ignorent ce que nous vivons pendant la messe, quand nous nous laissons transformer, dimanche après dimanche, par la bénédiction de Dieu qui touche notre cœur et qui nous pousse à témoigner concrètement de l’évangile par notre prière, par notre accueil les uns des autres, par notre volonté de rester ensemble et de servir les plus démunis. Trop de nos concitoyens ont une idée fausse de l’Eglise parce qu’ils n’y entrent pas ou jamais, ou parce qu’ils ne la voient qu’à travers le péché de ses membres, et qu’ils n’ont pas d’autre catéchisme que le bruit des media quand il y a des scandales ou quand le pape se déplace.

Mais cela ne doit ni nous ravir notre joie – car ce n’est pas le monde qui nous la donne – ni nous décourager d’être les envoyés du Roi qui vont à la croisée des chemins, c’est-à-dire d’être des chrétiens audacieux qui rencontrent un jour tel ou tel collègue de travail ou voisin de quartier auquel ils parlent de Dieu et du bonheur d’être croyants, pas croyants tous seuls, mais croyants avec des frères et des sœurs dans la foi, dans l’espérance et dans la charité.
Car l’Eglise est une épouse qui est sans cesse crucifiée par le péché de ses enfants. Mais elle est aussi une épouse qui est sans cesse ressuscitée par l’amour de son époux, par cet amour indéfectible qui brille au cœur des saints et des communautés vivantes.

Ne soyons donc pas trop inquiets, Frères et Sœurs, si nous sommes en minorité, si nous sommes des élus peu nombreux. Dieu ne nous demande pas de faire du chiffre mais de partager son amour, hardiment et paisiblement. Et pour cela il nous donne son Esprit-Saint. Reste alors à comprendre, dans la parabole d’aujourd’hui, ce que représente le vêtement de noces que les convives doivent avoir sous peine d’être exclus du banquet royal.
Ce roi si généreux qui invite les gens des rues et des chemins se doute bien qu’ils n’ont pas de quoi payer un vêtement de noce. Et il est plus que probable qu’il offre lui-même ce vêtement à ses convives pour qu’ils s’en revêtent avant d’aller à table. Ne pas porter ce vêtement n’est donc pas un signe de pauvreté matérielle ou d’indigence économique, mais plutôt un signe de refus, ou au moins d’indifférence envers le roi et sa délicatesse à l’égard de ses hôtes. Le convive qui n’a pas revêtu l’habit n’est venu que pour prendre un bon repas. Et la relation avec le roi ne l’intéresse pas. D’ailleurs, quand le roi vient le voir, il ne lui répond pas. Il garde le silence.

Pour saint Augustin et saint Grégoire le Grand, être à table au banquet du Fils du roi, c’est une manière de dire qu’on a la foi et qu’on prend part à l’eucharistie du Christ dans la vie de l’Eglise. Mais le vêtement qu’on doit alors porter quand le Roi vient nous voir, c’est la charité, c’est l’amour fraternel que nous devons cultiver librement et joyeusement envers les sujets du roi, sous peine de découvrir un jour amèrement, dans les larmes et les grincements de dents, tout ce qu’auront été nos indifférences et nos refus d’aimer.

Le convive qui n’a pas le vêtement de noces, Frères et Sœurs, c’est le chrétien consommateur qui vient à l’église et à la messe pour le bien qu’il en retire, pour la beauté des liturgies ou pour l’intérêt des relations sociales, mais qui ne s’engage pas dans l’amour du Christ et de ses frères. C’est le visiteur qui trouve son bien dans la vie des communautés, mais qui, au fond, ne cherche pas le Christ parce qu’il ne cherche pas la relation personnelle avec lui ni avec le prochain que le Christ nous pousse à aimer pour notre salut.

Dit autrement, si nous n’avons qu’un christianisme culturel et impersonnel, politiquement correct et passe-partout, nous ne porterons pas l’habit de noces au banquet du Christ, nous ne bâtirons pas la civilisation de l’amour, et nous n’empêcherons pas nos sociétés dites civilisées d’être incendiées par leurs propres duretés de cœur, leurs convoitises insatiables et leurs athéismes tranquilles ou militants.

Demandons plutôt à Dieu, ce matin, la grâce de l’aimer vraiment, et d’avoir une charité concrète entre nous et à l’égard du monde pour que, si nous sommes tièdes ou médiocres, nous devenions des chrétiens qui font vivre l’Eglise, qui renouvellent leur vie spirituelle et qui retrouvent un élan missionnaire. Que nos célébrations de l’eucharistie nourrissent vraiment nos âmes. Que notre prière soit unanime et obtienne pour nous-mêmes et nos contemporains la conversion des cœurs et des mentalités, afin que tous ensemble nous puissions avancer dans l’espérance et dans la paix. Amen.

Père Patrick Faure

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