L’importance de la prière

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Homélie prononcée le 19 octobre 2025

Est-il besoin de le souligner ? La liturgie de ce dimanche nous rappelle l’importance de la prière et de la persévérance dans la prière.
Le livre de l’Exode nous montre Moïse sur le sommet de la montagne. Les mains levées, il supplie le Seigneur pour son peuple qui lutte contre ses ennemis, contre le mal. Josué livre le combat sur le terrain. Moïse livre le combat de la prière avec l’aide de Aaron et de Hour. Moïse persévère dans sa prière jusqu’à la victoire de Josué. C’est grâce à cette prière persévérante que le peuple a triomphé.
En lisant ce récit, nous comprenons l’importance et la force de la persévérance de la prière personnelle et communautaire. Mais est-ce si simple ? Est-ce que Dieu répond ? D’accord Il a répondu à Moïse…mais aujourd’hui répond-il ?
N’avons-nous pas l’impression quelquefois qu’il est aux abonnés absents ? Est-il sourd à nos prières, ? N’est-ce pas une question que nous nous posons quelquefois… ou souvent…fatigués de prier un Dieu qui ne semble pas répondre.
Pour inviter ses disciples à changer leur perception de la prière et à l’image qu’ils se font de Dieu, Jésus, comme à son habitude, raconte une petite histoire chargée de faire réfléchir ses auditeurs, ce qu’on appelle une parabole. Un juge sans foi ni loi, lassé par l’insistance d’une veuve casse-pied, finit, de guerre lasse, par lui accorder ce qu’elle demande. Ce que Jésus veut nous faire comprendre par cette parabole est fort simple : si même ce juge a fini par craquer, si ce juge a fait ainsi avec son enquiquineuse, ce serait bien un comble si Dieu ne faisait encore mieux avec nous, combien plus répondra-t-il à ceux qui l’implorent.
Mais alors, Dieu serait-il comme ce juge qu’il faudrait avoir à l’usure pour qu’il nous écoute ? Ce n’est pas la conséquence qu’en tire Jésus. Dieu n’est pas un tyran capricieux ou indifférent à nos besoins et la prière ne consiste pas à essayer, parfois en vain, de lui soutirer une faveur, de marchander avec lui. Pour comprendre la parabole, la clé ne serait –elle pas dans la question finale de Jésus : « Le fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
Ce n’est pas Dieu qui attend de nous répondre, c’est notre foi qui est, trop souvent, aux abonnés absents. S’il importe de prier sans cesse et de ne pas se décourager, ce n’est pas parce que Dieu serait lent ou sourd. Au contraire, le fait qu’il s’empresse de répondre à ceux qui l’appellent devrait aller de soi. La difficulté ne tient pas à l’exaucement, mais à la prière.
Or, la prière n’a pas pour but de mobiliser Dieu, puisque Dieu est déjà là et qu’il est disponible, mais le but de la prière c’est d’apprendre à croire, c’est-à-dire à faire confiance.
C’est là qu’il y a une différence entre la prière de Moïse et la nôtre : Moïse prie pour avoir la victoire contre le mal identifié aux Amalécites. Le chrétien prie parce qu’il sait que la mal a été vaincu par le Christ. Le mot « foi » ne renvoie pas d’abord à des croyances, mais à la confiance. La foi, ce n’est pas avoir la certitude de tout comprendre, c’est accepter de faire confiance en Dieu, même quand il y a une part d’inconnu. Et la foi n’est pas un état acquis une fois pour toutes : on n’est pas croyant, mais on le devient en faisant confiance, jour après jour, envers et contre tout. Le français le dit bien : on fait confiance, cela se travaille, se construit. On comprend alors pourquoi Jésus demande si le fils de l’homme trouvera la foi sur la Terre.
Trouvera-t-il des hommes et des femmes qui cherchent, qui font confiance en ce Dieu qui prend soin d’eux ? Peut-être que se trouve là la principale difficulté de la prière : nous n’arrivons pas toujours à croire que ce que Dieu nous donne, c’est pour notre accomplissement, notre bonheur.
Avons-nous vraiment envie de recevoir quelque chose de Dieu ? Peut-être craignons-nous de recevoir ce que nous n’avons pas demandé…
Est-ce que Dieu donne plus d’avoir, plus de bien matériels, met-il de l’argent sur nos comptes en banque ? Non, il donne l’esprit de pauvreté. Donnerait-il plus de pouvoir, de supériorité sur les autres ? Non, il donne l’esprit de service. Nous rendrait-il plus jeunes et beaux ? Non, il donne l’humilité. Ces dons forment ce que la Bible appelle la justice, l’art d’être bien ajusté les uns aux autres, avec soi et avec Dieu. Cet ajustement demande la confiance, s’en nourrit et change tout dans le monde. Le désirons-nous vraiment, ce changement, ce monde nouveau où il n’y aurait plus de juges imbus d’eux-mêmes et de pauvres veuves laissées à leur misère ? Voulons-nous vraiment ce que Jésus appelle le Royaume de Dieu ? Ce monde plus juste et plus fraternel est à portée de notre prière, laquelle change notre cœur et nous apprend à faire confiance.
C’est donc, avertit Jésus, notre peur d’être exaucé qui paralyse notre relation avec Dieu, notre méfiance qui empêche notre cœur de recevoir ce qui est déjà donné, en abondance. Dieu ne veut pas forcer la porte de notre cœur ni nous contraindre : c’est pourquoi seule notre confiance lui permet de nous donner son Esprit ;
Pour conclure, faisons nôtre cette prière :
« Esprit de Dieu, ‘prier sans se décourager’ qui peut le faire sans toi ? fais résonner en notre cœur le nom du Père !
Ne laisse pas le doute, l’ennui vaincre notre élan vers le Père. Dans cet élan, saisis notre aspiration profonde à la vie !
Esprit de Dieu, rejoins nos doutes, nos peurs. Habite notre faiblesse, illumine notre nuit.
En chaque croyant et croyante, déploie cette certitude où s’appuie la confiance : ‘Jésus Christ est Seigneur’. De chacun de nous, de Carine, d’Elsa et Margaux, fait un témoin de Pâques. »

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