La fête du Saint-Sacrement

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Homélie prononcée le 26 juin 2025

Le sacrement de l’Eucharistie est si grand qu’un dimanche lui est consacré. Cette fête, on appelait autrefois « la Fête-Dieu ». Cette fête du Corps et du Sang du Christ nous rappelle que l’Eucharistie est au centre de notre vie de chrétien. Le Christ se fait notre nourriture. Une nourriture déjà présente lors de la bénédiction d’Abram par Melkisédek, prêtre et roi de Salem. Melkisédek utilise le pain et le vin comme offrande.
Dans la deuxième lecture, nous avons écouté le récit du dernier repas de Jésus, le plus ancien que nous ayons : il a été écrit avant les évangiles. Et celui qui l’écrit, l’apôtre Paul, n’était pas présent… mais il a reçu ce récit après sa conversion. Paul nous transmet ce qu’il a reçu. Ce qu’il nous dit est déjà bien réglé et solennel, probablement utilisé lors des rassemblements hebdomadaires des chrétiens. Paul s’adresse à la communauté des corinthiens, qui connaissait bien des tensions, une communauté pas parfaite, au fond comme les nôtres…Paul rappelle que si le Christ est mort, c’est pour tous et pas pour quelques-uns, trillés sur le volet. En conséquence, ne pouvons pas nous réunir pour le repas du Seigneur sans être attentifs les uns aux autres. Avant de manger ce pain et de boire à cette coupe, nous sommes invités à nous poser la question : sommes-nous en communion les uns avec les autres et avec Dieu. C’est pour cette raison que la communion n’est pas automatique : avant la communion, nous disons : "Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir…" car nous ne sommes jamais en parfaite communion avec le Christ. Et n’oublions pas le sacrement de réconciliation pour ce qui plus lourd à porter.
Passons au récit de l’évangile. Il surprend si on l’entend pour la 1ère fois, surtout si on se demande comment cela a-t-il pu se réaliser avec si peu de ressources ? Si nous en restons à cette question nous perdons un peu notre temps. On n’en sait rien. Mais si nous reprenons le récit en détail, on découvre que les apôtres sont présentés comme les acteurs nécessaires du geste que Jésus va faire pour nourrir toute la foule :
« “Donnez-leur vous-mêmes à manger.” Jésus sait très bien qu’ils n’en sont pas capables. Mais il veut leur faire partager son attention aux autres, son souci de tous. Il est saisi de pitié devant ces foules affamées, pas seulement celles qui sont là, devant lui, mais aussi celles de tous les temps. Les disciples sont prêts à partir pour acheter ce qu’il faut. Mais cela ne convient pas à Jésus. Il a une autre solution, celle du partage. C’était déjà la consigne du prophète Isaïe : “Partage ton pain avec celui qui a faim, Et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile”
“Faites-les asseoir par groupe de cinquante” dit Jésus à ses apôtres Ce sera sans doute plus commode pour le service mais le plus important est ailleurs. Jésus veut former les disciples à leur mission. C’est à eux de rassembler les foules. Le Royaume de Dieu n’est pas une foule indistincte mais un rassemblement organisé, une “communauté de communautés”. C’est aussi ce qui se passe chaque dimanche dans nos églises. Nous sommes, nous aussi, une communauté organisée et c’est le Seigneur qui nous accueille en sa maison et nous invite à son festin.
La participation des apôtres au geste de Jésus en fait des « instruments » pour continuer de répandre une nourriture qu’ils n’ont pas créée, qui les dépasse et qui s’adresse à tous ceux et celles qui en veulent. L’homme ne se nourrit pas seulement de pain. Jésus offre par sa Parole et par sa vie cette nourriture qui n’est pas seulement matérielle, elle est une nourriture spirituelle, elle réconforte, elle soutient, elle est communion avec Lui et avec la communauté, elle ne se tarit jamais. Jésus se présente ici comme porteur et donneur de vie.
Comme indiqué dans la lettre de saint Paul aux Corinthiens, les premières communautés chrétiennes ont très tôt, fait mémoire des gestes et des paroles de Jésus lors de la dernière Cène, et les ont transmis aux générations suivantes. L’Eucharistie dominicale n’est pas différente de la Cène du Seigneur que raconte saint Paul. Les paroles et les gestes que nous y faisons témoignent de la présence de Jésus ici et maintenant en nous rappelant sa mort et sa résurrection « jusqu’à ce qu’il vienne ». Il y a une continuité entre la multiplication des pains et l’Eucharistie que nous célébrons. Rassemblés, nous offrons, comme les chrétiens de Corinthe autour de saint Paul, le Pain et le Vin pour rendre grâces à Dieu et faire mémoire de son Fils Jésus dont le Corps et le Sang sont pour nous la nourriture qui nous donne la vie, « la vie en abondance » (Jean 10, 10).
C’est en entrant dans la dynamique de l’Eucharistie que les chrétiens à partir du Moyen Âge ont vénéré de façon particulière l’Hostie qui est le Corps du Christ. Fasciné par la grandeur de ce mystère et aussi par son incroyable défi à la raison, on a insisté alors sur ce mystère en vénérant de façon particulière la présence du Christ dans l’hostie. « La chair est une nourriture, le sang un breuvage, pourtant le Christ total demeure sous l’une et l’autre espèce » écrit saint Thomas d’Aquin dans l’hymne Lauda Sion qui a servi de séquence.
Ainsi s’est développé l’usage de moments d’adoration en présence de l’Hostie consacrée ; puis, plus tard, on a institué une fête où celle-ci était portée en procession d’une église à une autre sous les acclamations et les chants de la foule. Ce furent les processions du Très Saint-Sacrement dont vous avez pu entendre parler.
Ici à la cathédrale, il y a une longue tradition de la pratique de l’adoration eucharistique. Depuis Vatican II, dans toute l’Eglise, le sens de celle-ci s’est enrichi d’un lien continuel avec la célébration de l’Eucharistie. On ne peut pas déconnecter l’Adoration de l’Eucharistie. Il ne s’agit plus seulement d’un colloque intime avec Jésus mais aussi d’une communion à son action dans l’Église et dans le monde. Ainsi les adorateurs et adoratrices sont en union avec l’Église toute entière et avec Jésus.
La Fête du Saint-Sacrement est célébrée une fois par année, mais elle se vit tous les jours car le Christ dans l’Eucharistie continue de se donner pour le monde et nous entraîne à faire de même. Il nous donne son Corps et son Sang pour que nous devenions, à notre tour, capables de donner notre corps et notre sang comme Lui afin que le monde où nous vivons voit les signes de l’amour et de la miséricorde de Dieu qui continuent de se répandre sur tous et toutes sans regarder leurs péchés, leurs fautes ou leurs erreurs.
Bonne fête ! Amen !

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