La sainte Famille de Nazareth

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Homélie prononcée le 27 décembre 2025

Quel défi de parler de la famille aujourd’hui à l’occasion de la fête de la Sainte Famille de Jésus ! Cette fête a été instaurée dans le calendrier liturgique il y a une centaine d’années. Vous le savez, le modèle papa, maman, et les enfants vivant sous le même toit n’est plus celui qui s’impose à toute la société. C’est vrai en France et dans beaucoup de pays occidentaux...
Combien de familles monoparentales ! Pour la majorité, les enfants vivant avec leur maman. Combien de familles recomposées ! Oui le modèle de la cellule familiale traditionnelle avec père, mère et enfants est de moins en moins la norme.
La famille de Jésus, Marie et Joseph, entre dans cette dernière catégorie ; même si Joseph n’est pas le géniteur de Jésus ! Et pourtant quelque que soit le modèle de la famille dont nous faisons partie, cette fête de la Sainte Famille peut nous aider.
Nous avons écouté les lectures proposées pour cette fête cette année où nous cheminons avec l’Evangéliste Matthieu.
Bien avant la venue de Jésus, Le discours de Ben Sira peut nous paraître moralisant. Mais quand nous l’écoutons, n’oublions pas que c’est Dieu qui nous parle. Il veut que chaque famille soit heureuse. Et il lui montre le chemin qui lui permettra de parvenir à une véritable harmonie : “La réussite d’une authentique vie familiale ne s’obtient que par une lutte incessante contre l’égoïsme” a affirmé le philosophe Alain Bruno.
Dans sa lettre aux Colossiens (2ème lecture), saint Paul nous appelle à “vivre ensemble dans le Christ”. Même s’il est marqué par l’organisation des familles de son époque et la place de chacun, Il nous expose les vertus qui favorisent une belle vie de famille, la tendresse, la bonté, l’humilité, la douceur, la patience, le pardon. Et “par-dessus tout, qu’il y ait l’amour”. Tout cela ne sera vraiment possible que si nous laissons le Christ habiter en nous. En ce temps de Noël, nous fêtons la naissance de Jésus : il veut naître aussi en nous pour transformer notre vie et la rendre de plus en plus conforme à son amour. Vous le savez, vivre Noël, c’est d’abord accueillir le Christ dans notre vie.
L’Évangile nous montre une famille unie et solidaire autour de l’enfant qu’il faut protéger. Si dans la nuit de Bethléem, tout semble bien aller, à Jérusalem, Hérode ne dort pas. Il cherche à faire périr l’enfant car il ne veut pas de rival. Face au danger, Marie et Joseph font ce que l’ange du Seigneur leur demande : ils partent le plus loin possible pour protéger l’enfant.
Certes, ce récit composé vers la fin du premier siècle est coloré par des messages à l’intention de la communauté juive pour lequel il a été rédigé. L’Egypte tient une place importante dans l’histoire du peuple hébreux. C’est à la fois le lieu de l’esclavage mais aussi le lieu de la libération, celui de l’expérience du salut. C’est celui où Israël a appris à vivre en étranger et à s’ouvrir à la différence. Le Christ, ballotté au gré des exils, revit d’une certaine façon le parcours d’Israël : Jésus, comme tout être humain, lui l’un de nous, a traversé les étapes nécessaires à tout être humain pour grandir. La confrontation à la différence, à l’adversité, à la non maîtrise des évènements, ont fait partie de son parcours de vie. Et il a vécu cette fragilité au sein d’une famille avec un père et une mère qui l’ont protégé, mais aussi fait grandir dans la patience car c’est long de grandir…… …Quel beau résultat quand on voit Jésus ! Joseph et Marie ont fait du bon travail !
Ce qui est frappant, c’est que cette famille est toujours en chemin : avant la naissance de Jésus, Marie fait un long trajet pour se rendre chez sa cousine Élisabeth. Puis c’est le voyage de Nazareth vers Bethléem pour le recensement ; et aujourd’hui, l’évangile nous dit qu’ils doivent fuir en Égypte pour échapper à la colère d’Hérode. Tout au long de sa vie, Jésus passera de village en village pour annoncer la bonne nouvelle. Voilà la Sainte Famille : c’est dans sa capacité à se mettre en route qu’elle nous est En venant dans notre monde, Jésus a voulu faire partie d’une famille humaine. Il y a connu des joies, des souffrances et des épreuves comme dans toutes les familles de la terre. Présentée comme un modèle, elle accepte de se laisser interpeller par les événements. Malgré les contrariétés et les épreuves, elle fait confiance à Dieu. N’est-ce pas ce que cette année jubilaire « Pèlerins d’Espérance » qui se termine aujourd’hui a voulu nous dire : Accepter de nous laisser déplacer et creuser notre espérance.
Un message pour chacun, chacune d’entre nous, pour toutes nos familles de la terre. Elles aussi sont secouées et bousculées. Parents, grands-parents et enfants ne sont pas épargnés par les aléas de la vie. Chacun peut penser à tant d’événements qui lui font prendre des chemins inattendus. Comment ne pas penser à tous ces enfants dont la vie est menacée par les guerres, la famine ? D’autres sont victimes de la violence et de la maltraitance. Et bien sûr, nous n’oublions pas tous ceux et celles qui souffrent à cause de l’indifférence, du manque de soins, du manque d’amour et d’affection. À travers tous ceux et celles qui subissent ces douloureuses épreuves, c’est le Christ qui est là et qui attend notre amour. Ranimons notre espérance ! Ne restons pas dans le découragement qui a pu nous saisir. Le pape François ne cessait de nous rappeler que le Christ est toujours du côté des plus petits et des plus pauvres.
Mais plus tard, le Christ nous dira qu’il fait partie de ce que l’on pourrait appeler la grande famille de Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit. Et ce qui est encore plus extraordinaire, c’est qu’il est venu pour nous y faire entrer. Comme le disait le pape Jean-Paul II, “il a donné Dieu aux hommes et les hommes à Dieu”. Au jour de notre baptême, nous sommes devenus enfants de Dieu. Nous avons été immergés dans cet océan d’amour qui est en lui. Et nous avons été appelés à nous mettre en marche, en pèlerins, vers ce monde nouveau que Jésus appelle le Royaume de Dieu, et c’est notre espérance d’y être accueillis.
Amen !

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