Le Christ-Roi

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Homélie prononcée le 23 novembre 2025

La fête du Christ-Roi a pris naissance dans un contexte où l’Église est dévalorisée, dépossédée de ses biens au XIXe siècle, et où, au début du XXe siècle, un laïcisme puissant est bien présent, en particulier en France. Cette fête se voulait une affirmation que l’Église, malmenée dans la société, reposait sur une base qui la dépasse et qui la rend solide malgré les apparences : son fondateur et maître, le Christ Jésus.
C’est dans ce contexte que l’image de la royauté est utilisée. Le pape Pie XI va favoriser cette dévotion que déjà le pape Léon XIII avait encouragée vers la fin du 19ème siècle. Il institue la fête liturgique du Christ Roi en 1925. Il y a 100 ans ! Puis le concile Vatican II a fait de cette fête le terme et le sommet du parcours liturgique de l’année pour montrer que sur la terre, dans les cieux, dans les cœurs tout est orienté vers le Christ, Alpha et Omega, tête du Corps de l’Église, image du Dieu invisible, premier-né de toutes créatures et Roi de l’univers.
L’image de la royauté utilisée a été difficile à accepter pour des esprits imprégnés de démocratie et d’égalité, en particulier dans notre pays où le roi a été guillotiné ! Mais comme le montre la première lecture, la royauté dans la Bible est un don de Dieu qui est loin de l’image qu’ont pu donner certaines royautés de ce monde, marquées par le pouvoir absolu, la contrainte ou la force militaire.
En cette année C, c’est la scène de l’évangile qui rapporte les paroles du bon larron et la réponse de Jésus qui a été choisie pour cette fête du Christ Roi. De quel Royaume parle le bon larron ? Quel paradis lui promet Jésus ?
Pour répondre à ces questions, les deux premières lectures peuvent nous aider. La lecture du deuxième livre de Samuel nous montre la figure du David qui fut un grand roi ; mais avec des ratés majeurs comme son adultère avec la femme d’un de ses généraux, Bethsabée, la femme d’Urie le Hittite. Le prophète Samuel sera envoyé par Dieu pour l’inviter à reconnaître son péché et à faire pénitence ; et David le fera avec humilité.
Malgré ses limites, le personnage du roi David tel qu’il est décrit dans le livre de Samuel nous montre que le Royaume de Dieu n’est ni une récompense ni la propriété du roi. C’est Dieu qui choisit et consacre. « Le Seigneur t’a dit : ‘Tu seras le berger d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël. » Le royaume de David n’est pas son royaume à lui. Il est le terrain où Dieu se manifeste et où il étend son règne d’amour.
Il en est ainsi également du paradis que promet Jésus au bon larron. C’est le lieu de la rencontre avec Dieu où Dieu se révèle présent dans son amour pour tous ceux et celles qui s’y retrouvent après leur mort.
Pour décrire ce Royaume de Dieu que le Christ instaure, le texte de l’évangile nous donne trois pistes qui se dégagent de la scène du bon larron. Le Christ annonce sur la croix un royaume où règnent le pardon, la compassion et la miséricorde.
Le pardon. La réponse directe de Jésus au bon larron exprime clairement le pardon qui lui est accordé. « Aujourd’hui, tu seras avec moi ». Le pardon a ceci de particulier qu’il peut changer la situation du tout au tout en un instant. Le pécheur est sauvé par le sang du Christ. Dieu pardonne et efface les fautes.
La compassion. Le Christ par sa mort sur la croix manifeste la compassion de Dieu pour l’humanité pécheresse. C’est ce qu’il fait pour le bon larron qui le reconnaît lorsqu’il dit à son compagnon de supplice « Lui il n’a rien fait ». Nous, c’est juste d’être punis ». Jésus assume en lui la vie du bon larron. C’est d’ailleurs le sens du mot compassion qui signifie à l’origine « souffrir avec ». Il offre la vie du bon larron avec la sienne au Père.
La miséricorde. Tout ce mouvement de compassion provient du regard miséricordieux que partage Jésus avec son Père. La miséricorde vient du dedans du cœur. Elle va vers la personne telle qu’elle est. Elle s’émeut même de la voir parfois se perdre. Elle l’attend comme le fait le père de l’enfant prodigue. Le Christ Roi ressemble à ce père. Il n’exclut personne. Il attend. Son royaume n’est pas de ce monde comme il l’a dit à Pilate.
Sur la croix, Pilate avait fait mettre une inscription : « Celui-ci est le roi des Juifs ». Cette inscription se voulait dérisoire. Mais Jésus peut porter ce titre de roi car son Royaume existe même s’il n’a rien de commun avec celui des rois de la terre. Son Royaume est un royaume de pardon, de compassion et de miséricorde. En un mot un Royaume d’amour.
Comme nous y invite saint Paul dans la deuxième lecture, rendons grâce à Dieu pour ce Roi et pour ce Royaume qu’il nous donne en Jésus Christ. « Rendez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière. Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé ». Merci Seigneur de nous avoir « placé dans le Royaume de ton Fils bien-aimé ».
Dans la réponse au bon larron : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis », Jésus manifeste la proximité de Dieu avec toutes les personnes quelles qu’elles soient. C’est à chacun et à chacune d’entre nous qu’il dit : « Aujourd’hui, tu seras avec moi ». Le Christ Roi ne siège pas sur un trône qui le sépare de ses frères et sœurs. Au contraire, parce qu’il est l’Élu de Dieu, il nous propose de devenir par le baptême prêtres, prophètes et rois par participation.
Que cette fête du Christ-Roi nous ancre davantage dans notre vocation de baptisés : prêtres, prophètes et rois au service de l’humanité toute entière comme l’a été Jésus qui a manifesté au monde l’amour, la bienveillance et la miséricorde de Dieu.

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