Sur le bord de la rive

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Homélie prononcée le 7 mai 2025

Dans l’évangile de Jean que nous venons d’entendre, on retrouve les disciples non plus à Jérusalem, mais en Galilée. Ils ont quitté les lieux des derniers moments de Jésus et des premières apparitions du Ressuscité. Ils ont repris leurs occupations habituelles. Ils se sont remis à la pêche. La rencontre avec Jésus sur le bord du lac tant pour Pierre que pour les autres ne se présente pas comme une occasion de témoignage, mais plutôt comme un moment de familiarité et de proximité.
La scène racontée nous montre Jésus qui s’adresse aux disciples sur un ton très familier : « Les enfants, auriez-vous un peu de poisson ? ». Puis quand ils débarquent sur la rive, ils voient un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Et Jésus les invite à partager ce barbecue avec lui.
Dans cette scène, il ne s’agit pas d’une apparition où scintille la lumière, où brille le visage de Jésus, où ses vêtements sont plus blancs que la neige. Non, il s’agit de gestes et de paroles de la vie quotidienne. Le Ressuscité se montre aux disciples et s’approche d’eux comme il le faisait autrefois aux jours de sa vie terrestre. Leurs liens avec lui n’ont pas disparus, ils sont transformés.
L’auteur de l’évangile précise que « c’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples ». Les apparitions de Jésus Ressuscité sont toutes des manifestations d’une présence nouvelle que les disciples expérimentent.
Les détails du récit sont là pour nous faire comprendre que cette présence du Ressuscité, même si elle est différente de sa présence terrestre, est une présence tout aussi réelle, une présence que l’on expérimente dans la vie de tous les jours. Pas besoin de quitter ses occupations pour rencontrer Jésus. Comme les disciples, chacun peut le rencontrer dans ses occupations habituelles : au travail, dans les loisirs, dans les conversations au téléphone, avec les personnes que l’on croise, avec les amis, avec son conjoint, les enfants, les jeunes, avec les personnes âgées.

Si nous continuons la lecture de ce texte, nous avons la fameuse scène avec saint Pierre où Jésus lui demande par trois fois « M’aimes-tu ? ». Cette question touche l’intime de son être. Elle fait écho au triple reniement de saint Pierre lors de la Passion. Elle lui donne l’occasion non seulement de regretter ce geste dans la cour du Grand Prêtre, mais elle lui permet de redire tout son amour pour celui qui l’a choisi comme Berger de ses brebis et dont il sera un témoin flamboyant comme en témoigne la première lecture.
Dans cette rencontre, nous comprenons que le lien de Pierre avec le Ressuscité touche l’intime.
Cette rencontre qui touche l’intime de l’être n’est pas réservée à saint Pierre. C’est à chacun et à chacune de nous que Jésus dit ce matin « M’aimes-tu ? ». C’est à toi, Chantal, qui va être baptisée aujourd’hui que le Christ pose la question aujourd’hui : m’aimes-tu ? Comme il l’a pose à Arthur, Marc, François et Johanna fraichement baptisés. En effet, Jésus continue de se manifester dans notre monde et dans nos vies comme il l’a fait pour les disciples sur le bord du lac. Il attend aussi des réponses d’amour et de foi. Il redit à chacun et à chacune : « Apportez de ce poisson que vous venez de prendre » « Venez partager le repas avec moi ».
L’Eucharistie dominicale est un repas où Jésus Ressuscité se manifeste à chaque fois dans le Pain et le Vin consacrés. Le sacrement de l’Eucharistie nous rassemble dans l’attente du Retour du Christ que nous annonçons « jusqu’à ce qu’il vienne » comme dit Saint Paul (I Corinthiens 11, 26). La nourriture qu’il nous propose pour notre pain quotidien, ce n’est plus du poisson grillé, mais son Corps et son Sang.
Le temps pascal nous permet de nous laisser imprégner profondément de la présence de Jésus Ressuscité, Celui qui est vivant hier, aujourd’hui et demain. Même lorsque sa présence semble disparaître, il ne faut pas se décourager. Il est toujours là. Comme les disciples ouvrons les yeux de la foi et nous pourrons dire « C’est le Seigneur ».
L’évangile de ce dimanche est rempli de richesse et de leçons qui peuvent nous aider à vivre mieux notre engagement de chrétien. La foi en la Résurrection de Jésus ne va pas de soi. Merci à vous les nouveaux baptisés, vous nous aidez à approfondir cette foi. Ensemble, vous et nous, à l’exemple de Pierre et des Apôtres dont parle la première lecture, d’être les témoins de tout cela et de crier à pleine voix comme il est dit dans la lecture de l’Apocalypse : « Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction ».
Amen !