3ème dimanche de Carême

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Homélie prononcée le 12 mars 2023

Une rencontre bien improbable : Celle d’un homme juif fatigué assis sur la margelle d’un puits avec une femme, une samaritaine.

Cette femme est venue puiser de l’eau en plein midi, une heure où personne ne met le nez dehors pour ne pas être écrasé de soleil. Si elle est là, c’est qu’elle ne veut pas rencontrer d’autres personnes… Et, surprise, il y a là un étranger, un homme, un juif, Jésus…

Il me semble qu’il y a là un symbole pour nous, chrétiens : nous sommes appelés à être des puits, des lieux, des personnes qui permettent la rencontre entre le Christ et tous les assoiffés d’aujourd’hui qui le sont souvent en secret…car la société valorise ceux qui ne se posent pas de questions, ceux qui ont des certitudes et vivent plus dans le paraître que dans l’être…

On pourrait peut-être penser que finalement le puits n’est pas si important. Que l’important c’est que le puits contienne de l’eau et de la bonne ! Et nous l’avons cette bonne eau : c’est l’Eau vive qui a jailli en nous à notre baptême et, bien naturellement, nous voulons la proposer aux autres. Mais il ne faut pas aller trop vite. Il ne faut pas court-circuiter la rencontre. Une rencontre indispensable pour que la personne rencontrée se sente accueillie, écoutée, respectée pour ce qu’elle est. Avant de parler de l’Évangile puis de le proposer, nous devons le vivre avec ceux que nous rencontrons. J’aime cette parole de Vincent de Paul, évangélisateur des campagnes au 17ème siècle, il y a plus de 300 ans : Il disait : « Quand tu entres chez quelqu’un, ne parle pas de Jésus-Christ, mais demande d’abord comment va le cheval ! »

Nous avons beau avoir l’Eau vive du baptême, si nous ne favorisons pas d’abord une vraie rencontre fraternelle et gratuite, les conditions pour la découverte du Christ risquent de manquer.

Il nous faut donc être une margelle de puits, un lieu, une personne de rencontre dans la gratuité du moment. Est-ce que nos vies, nos styles de vie permettent la rencontre ? Pas seulement avec celles et ceux que nous aimons ou qui nous sont sympathiques ou qui pensent comme nous. Notre mission de chrétien demande que nous soyons disponibles pour toutes les rencontres, même les plus improbables et que nous suscitions de vraies rencontres.

Nos façons d’être, nos premières paroles sont importantes. Jésus n’a pas commencé par enseigner la doctrine, ni par faire la morale à la Samaritaine. Il n’a pas commencé par lui dire : « Tu as eu une vie conjugale dissolue. Quand tu auras changé de vie, reviens me voir ! » Il lui a parlé alors que Juifs et Samaritains ne se parlaient pas. Il lui a demandé un service. Il lui a même révélé qu’il était le Messie. Tout cela gratuitement, sans condition, respectant pleinement sa liberté de femme. Il ne l’a pas enfermée dans son passé. Il lui a fait confiance. Il a espéré en elle. La Samaritaine a pu alors dire sa foi dans le Messie et elle est devenue missionnaire.

Si nous refusons de rencontrer une personne ou de lui parler, si nous nous méfions d’elle à cause de son comportement ou de sa religion ou de son orientation sexuelle, si nous voulons d’abord qu’elle change de vie pour lui proposer l’Évangile et la mettre en contact avec l’Église, nous ne pourrons pas devenir un puits de Jacob, le puits de la rencontre avec Jésus.

Stéphane et Judith, vous êtes catéchumènes, appelés récemment par l’Église. Vous allez vivre 3 scrutins pour vous laisser scruter par le Seigneur, pour identifier ce qui a besoin d’être guéri, ce qui a besoin d’être renforcé pour lutter contre la tentation, ce qui a besoin d’être converti et stimulé. En vous bientôt jaillira la source d’Eau vive. Vous êtes entourés ce matin par Claire et Aimeri qui vous accompagnent. Vous êtes entourés de chrétiens jeunes ou dans la force de l’âge ou d’autres encore qui ont accumulé les années, d’autres malades ou affaiblis par le grand âge. Dans cette diversité, tous nous voulons accueillir Jésus qui vient à notre rencontre de bien des manières : par sa Parole et ses sacrements (comme dans cette Eucharistie), dans son Corps qu’est l’Église, et dans les pauvres et les faibles auxquels il s’est identifié. En même temps, nous qui vous entourons, devons reconnaître aussi que nous sommes d’une manière ou d’une autre les Samaritaines d’aujourd’hui. Si nous disons à Jésus : « Donne-moi toujours de cette Eau-là », il fera de nos vies des lieux de rencontre, des puits de Jacob où l’on peut s’asseoir, se parler, offrir l’Eau qui apaise toute soif. Oui, nous qui sommes là autour de vous, Stéphan et de Judith, ne faisons pas de stress hydrique. Demandons à Jésus de nous donner de cette eau. Buvons à la source de vie. Prions les uns pour les autres pour que notre vie de chrétien soit un signe qui pose question…pour que nous soyons et la margelle du puits et le seau qui permet de puiser l’eau vive. Ensemble, aidons Stéphane et Judith à puiser de cette eau qui jaillira en vie avec Dieu, en vie éternelle. Et cette eau, il y en a pour nous aussi, Buvons-en avec eux. Soyons toujours plus une communauté de vrais disciples de Jésus-Christ…lui le Chemin, la vérité et la vie, lui l’Eau vive de nos existences !

Pour aller plus loin

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  • L’abbé Gerin raconté par un paroissien

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  • La Vierge Marie, fille d’Israël

  • Une étincelle de Dieu