Apprends-nous à donner comme la veuve de Sarepta

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Homélie prononcée le 10 novembre 2024

En préambule, il peut être bon de rappeler qu’à l’époque du prophète Elie et à l’époque de Jésus, les veuves étaient des personnes très démunies. Il n’y avait pas de protection sociale ! Les veuves ne pouvaient plus compter sur un mari qui pouvait assurer leur subsistance. Elles vivaient dans une grande précarité et étaient privées de tout statut social….A l’époque de Jésus, Il y a un énorme contraste entre les veuves et les scribes qui sont des gens puissants et savants. Ce sont eux qui scrutent les Ecritures et qui s’érigent en maître de leur interprétation.
Revenons aux trois textes bibliques de ce dimanche qui nous parlent du don.
La première lecture nous parle du prophète Élie. Il avait combattu le culte rendus aux dieux païens. Il a dû s’enfuir car la reine Jézabel voulait sa mort. Il s’est retrouvé en plein territoire païen. Il y a été accueilli par une pauvre veuve qui n’avait plus rien. Elle ne lui reste qu’une poignée de farine et un peu d’huile pour elle et pour son fils. Mais à la demande du prophète, elle donne tout et s’en remet à Dieu.
Pour nous chrétiens d’aujourd’hui, cette veuve est le visage de la foi qui partage. Les grands témoins de la charité sont souvent des gens qui « ne roulent pas sur l’or » comme on dit. Mais ils n’hésitent pas à risquer le peu qu’ils ont pour secourir les plus nécessiteux. Ils nous apprennent à penser aux autres avant de penser à nous-mêmes. Et surtout, ils nous apprennent à faire confiance à Dieu qui sait ce dont nous avons besoin avant que nous le lui demandions. La foi n’est pas seulement une “croyance”. C’est d’abord une confiance à Dieu et à sa Parole. Et c’est ce que vous, Anaïs, Artur, Chantal, Davy, François, Mustapha et Sekuba qui cheminez vers le baptême, avez commencé à découvrir en cheminant avec vos accompagnateurs. Et il faut du temps pour petit à petit comprendre cela.
L’Évangile nous présente une autre veuve très pauvre mais particulièrement généreuse. Cela se passe sur le parvis du temple de Jérusalem. Jésus s’y trouve et il donne un enseignement à la foule. Il recommande à tous de ne pas imiter les scribes mobilisés par le désir de paraître et qui volent les plus pauvres. En plus, ils se donnent en exemple. Jésus nous met en garde contre tous ces dangers. Le salut qu’il est venu apporter au monde doit nous amener à être vrais avec nous, avec Dieu et avec les autres. Les apparences peuvent tromper les hommes mais Dieu voit ce qu’il y a dans le fond du cœur de chacun.
C’est ce que nous découvrons en lisant la suite de cet évangile. Jésus s’est assis en face de la salle du trésor du Temple et il observe les gens qui déposent leurs offrandes. Il voit des riches qui donnent beaucoup, et il n’y a pas de mal à cela ! S’ils ont beaucoup c’est normal qu’ils donnent beaucoup. Mais voilà qu’arrive une veuve très pauvre. Elle n’a rien mais elle donne tout. Peut-être avait-elle honte de ne donner que deux petites pièces. Mais sans le savoir elle a attiré l’attention de Jésus : “cette pauvre veuve a mis dans le trésor plus que tous les autres… Elle a donné tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre.”
En nous racontant cet événement, l’évangéliste Marc a voulu rappeler aux chrétiens ce regard de Jésus sur la générosité discrète et alerter les chrétiens de tous les temps contre le désir de paraître. Ne soyez pas comme les scribes qui “agissent pour être vus” nous dit-il. Jésus nous recommande de ne pas attendre des témoignages de considération et de reconnaissance. Lui seul connaît vraiment ce qu’il y a dans le cœur de chacun. Pour Dieu, ce qui compte ce n’est pas ce que nous avons, mais ce que nous sommes, ce n’est pas la valeur de ce que nous donnons, mais c’est de présenter à Dieu ce que nous sommes sans crainte et sans peur, en vérité.
Dieu aime ceux et celles qui offrent avec cœur tout ce qu’ils sont. La lettre aux Hébreux nous a invité à tourner notre regard vers le Christ. Il est vraiment celui qui a donné tout ce qu’il était. Sur la croix, il a offert une fois pour toutes le sacrifice de sa propre vie. Comme Jésus, le disciple apprend à tout donner malgré les difficultés, les hésitations et les souffrances, à aller jusqu’au bout.
La veuve de Sarepta a vu sa vie illuminée par une présence qui ne la quitte plus. Sa jarre de farine ne s’épuise pas et son vase d’huile ne se vide pas. Pour nous aussi, Dieu répand sa grâce et ses dons avec largesse. Il a ressuscité Jésus qui s’est donné jusqu’au bout. Il en a fait le Premier-Né d’une multitude de frères et sœurs, comme nous le dit l’apôtre. Et chacun et chacune d’entre nous est appelé à suivre ses pas en offrant sa vie, en offrant tout ce qu’il est pour ainsi marcher sur ses traces et partager un jour avec Lui le banquet éternel. « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. » (Apocalypse 3, 20).
Voilà le chemin sur lequel vous vous êtes engagés, Anaïs, Arthur, Chantal, Davy, François, Mustapha et Sekuba. Que cette messe soit pour vous, comme pour chacun de nous, un moment d’offrande à Dieu de tout ce que nous sommes dans une confiance totale, une occasion d’ouvrir la porte pour que le Seigneur entre !
Ensemble nous pouvons prier :
Seigneur Jésus, Tu t’es donné pour nous. Tu t’es offert pour que nous vivions.
Seigneur Jésus, tu nous invites à partager le peu que nous avons, le peu que nous sommes, à nous offrir librement.
Seigneur Jésus, apprends-nous à donner comme la veuve de Sarepta, apprends-nous à offrir comme le veuve de l’Evangile. Apprends nous à donner et à nous offrir, comme ToI