Ascension du Seigneur

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Homélie prononcée le 21 mai 2023

Dans notre pays, les fêtes chrétiennes sont souvent associées à des ponts. Et, vous le savez, beaucoup font le pont de l’Ascension. Peut-être en êtes-vous ? Quatre jours de congé, c’est très apprécié. Et pour beaucoup, le pont est plus important que la fête qui passe à l’arrière-plan…ou dont on ne sait plus ce qu’elle signifie, ce qui n’est pas surprenant puisque seulement 29% des français se reconnaissent comme catholique. Quand j’étais en Haut Grésivaudan, j’avais remarqué que le jour de l’Ascension il y avait plus de voitures garées devant les 2 supermarchés qui étaient sur ma route qu’autour de l’église où j’allais célébrer. Pourtant avec l’Ascension, cette notion de pont est plus qu’appropriée…Cette fête établit un lien entre le ciel et la terre, un pont entre le ciel et la terre.

Le mystère de l’Ascension du Seigneur que nous célébrons n’est pas une fête accessoire…juste pour permettre un pont. L’Ascension marque la fin d’une forme de présence du Seigneur ressuscité pour les disciples qui sont regroupés une dernière fois autour de lui. Il les quitte, alors se fait sentir pour eux l’absence du Maître.

Mettons-nous à la place des premiers disciples. Ils se rappellent les années de la vie terrestre de Jésus. Ils se souviennent de sa prédication, puis de la dernière semaine qui s’est terminée par la crucifixion. Ils ont savouré les rencontres qu’ils ont eues avec lui quand il leur est apparu après sa Résurrection. Ils le voient toujours vivant et ressuscité comme il l’avait promis.

Dans le sillage de l’Ascension, les disciples prennent conscience de l’absence physique définitive de leur Maître. Il disparaît à leurs regards. Il s’élève dans le ciel. Ils entendent des paroles qui leur disent « Pourquoi regardez-vous vers le ciel ? Ne restez pas là les bras ballants…Allez plutôt ans le monde et témoignez de ce que vous vivez maintenant ».

Ce départ de l’Ascension ouvre les portes d’une nouvelle forme de présence du Maître. Le message de Jésus a été livré. Sa mission est accomplie. Désormais, c’est aux disciples d’entrer en action, assurés du soutien de Jésus Ressuscité. Dans l’épisode qui clôt l’évangile de saint Mathieu qui vient d’être lu, les disciples se rappellent une des dernières rencontres avec Jésus Ressuscité où il leur avait dit : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Nous sommes les héritiers des premiers disciples. Comme eux nous avons à nous remémorer l’histoire de notre salut, de notre rencontre avec Jésus Ressuscité. Pour nous, cette rencontre continuée sur de nombreuses années se poursuit encore. Elle a probablement connu des moments de nuits et de questionnements, ce qui est normal car nos yeux ne peuvent voir Jésus Ressuscité, nos oreilles ne peuvent l’entendre, nos mains ne peuvent le toucher. Jésus échappe à nos sens. Comme dans le récit de l’Ascension, il disparaît à nos regards. Nous sommes comme les premiers disciples, un peu désemparés. Mais regardons comment ils réagissent.

Dans un premier temps d’appropriation de cette absence de Jésus, comme le raconte les actes des Apôtres à la suite de l’extrait entendu dans la première lecture, ils sont retournés au Cénacle ensemble pour méditer et découvrir le sens de cette absence qui les prenait au dépourvu. Ils empruntent le chemin de la prière. Les Apôtres choisis par Jésus et d’autres disciples dont plusieurs femmes se mettent en prière autour de Marie. Ils avaient certainement cru que leur Maître Ressuscité reprendrait la tête de l’annonce du salut, peut-être qu’il apparaîtrait à des milliers et des milliers de personnes comme il l’avait fait pour eux. Or il n’en est rien ! Ils se souviennent alors qu’il leur avait dit que c’étaient eux et elles qui étaient choisis pour porter la Bonne Nouvelle aux extrémités de la terre. Alors que faire devant une telle mission ?

Le deuxième temps d’appropriation de cette situation à nulle autre pareille sera vécu dix jours plus tard lorsque l’Esprit Saint se manifestera avec éclat forçant tout le monde à sortir du Cénacle et à annoncer que ce Jésus qui a été crucifié est ressuscité, qu’Il est toujours vivant et qu’ils en sont les témoins.

Le témoignage des disciples se fera alors une invitation à la conversion et à la foi en Jésus. L’action de l’Esprit Saint décuplera leurs paroles et leur donnera le punch nécessaire pour aller évangéliser.

C’est-ce qu’on appelle le « temps de l’Église » qui est le Corps du Christ, le Christ présent au monde, signe du Salut parmi les nations.

Nous n’avons pas à nous perdre dans les nuages pour trouver Jésus. Il est là dans la communauté des croyants comme on le voit dans les Actes des Apôtres. Il est là aussi toujours présent dans les pauvres, les rejetés, les persécutés, les déplacés, les réfugiés etc. Il est là dans toute personne que je vois désormais comme mon frère et ma sœur. L’absence vécue au moment de l’Ascension s’est transformée en présence ouverte et universelle. Tous et toutes peuvent rencontrer le Crucifié Ressuscité.

Cette présence universelle est signifiée dans le sacrement de l’Eucharistie qui est accessible à toutes les personnes de tous les temps et de tous les lieux. Il n’y a plus de limites de temps et d’espace. Jésus Ressuscité se fait présent à tous ceux et celles qui prennent la peine de le chercher et de le recevoir.

Alors, que notre célébration eucharistique en ce jour de la Solennité de l’Ascension soit pour nous une nouvelle rencontre avec celui qui, disparu aux regards de ses disciples, continue d’habiter dans son Église et dans le cœur de ceux et celles qui croient en Lui. Ne faisons pas le Pont, mais vivons-le ! Vivons ce lien entre le ciel et la terre !

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