Dimanche des Rameaux

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Homélie prononcée le 2 avril 2023

Ce dimanche des Rameaux et de la Passion nous fait entrer dans ce que l’Eglise appelle la semaine sainte, sainte parce que Jésus en est le centre.
Rameaux en mains, nous allons nous mettre en marche tous ensemble pour entrer dans la cathédrale.

Pourquoi une telle marche ? Pourquoi passer ensemble la porte de l’église pour y prendre place ? Pourquoi ne pas être installés déjà dans l’église ?

C’est que les processions, comme les autres actes liturgiques, ne sont pas du théâtre, ou un mime d’un évènement du passé. Revivre ensemble l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem ne signifie pas refaire ce qui s’est passé il y a 2000 ans. Ce n’est un geste mimétique, mais anamnétique : on fait mémoire de l’évènement pour entrer dans une promesse.

Car ce cheminement n’est pas que physique, il est d’abord spirituel.

Parce que la vie chrétienne est une marche ensemble, une marche ensemble VERS la Jérusalem éternelle en suivant le Christ notre roi, rameaux en mains. La procession derrière la croix est là pour nous conduire lentement vers le sacrifice du Christ, vers son dépouillement le plus extrême, la mort et la mort sur une croix, le pire des supplices réservé aux moins que rien. En engageant toute notre personne, à commencer par notre corps, cette entrée en procession éveille notre désir de nous mettre en marche à la suite de Jésus. Elle nous sollicite pour mettre nos pas dans les siens sur ce chemin qui est celui du mystère pascal, ce grand passage de l’abaissement au relèvement, de l’humiliation à l’exaltation. Cette marche a une tonalité eschatologique. Elle nous ouvre sur la vie en Dieu, avec Dieu.

Nous sommes invités à nous laisser saisir par la liturgie pour traverser cette semaine sainte et avoir part à la résurrection du Christ, pour plonger au cœur du mystère, au cœur de cette vérité dont nous n’aurons jamais fait le tour : Le Fils de Dieu se laisse mettre à mort par les hommes et Dieu le ressuscite : la mort n’a pas le dernier mot ! La mort est un seuil comme celui de la porte de l’église, pas un mur !

Aujourd’hui, en suivant la croix, nous expérimentons dans notre corps notre volonté de suivre Jésus, pas à pas, dans sa passion et sa mort dont la lecture va être faite au cours de la messe.

Jeudi nous serons avec Jésus. Il nous laissera sa présence parmi nous par le pain et le vin du dernier repas, lui le serviteur qui lave les pieds de ses disciples. Et nous serons invités à veiller avec lui, à persévérer avec lui.

Puis Vendredi, nous viendrons vénérer la croix sur laquelle le Christ est mort. Ce sera expérimenter physiquement le geste de l’abaissement et nous ferons monter vers Dieu notre prière confiante pour tous les hommes.

Enfin dans la nuit de samedi à dimanche, au terme du chemin, une flamme va luire : le Christ est vivant. Il est ressuscité. Le cierge pascal aura remplacé la croix pour passer à nouveau la porte de l’église. Ce passage rappellera celui de la mer rouge à pied sec, la longue marche dans le désert illuminé par la nuée. Il marquera la libération définitive de la mort. En célébrant la semaine sainte les chrétiens ne font pas que se souvenir ; ils demandent que d’année en année cette marche fasse grandir en eux la joie de Pâques, la certitude que la vie est plus forte que la mort, que Jésus nous a ouvert le chemin vers le Père.

Plus que des pratiques ascétiques, ce que le Seigneur attend de nous durant cette semaine, c’est d’être présent ensemble à chacune des étapes du mystère.

Bonne semaine sainte à tous et à toutes !