La faiblesse de Dieu plus forte que les hommes

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Homélie prononcée le 28 mars 2021

Voici venue l’heure pour laquelle le Fils de Dieu est entré dans notre monde et s’est fait semblable aux hommes. Voici le temps de l’intronisation de Jésus comme Messie-Roi, le temps de la révélation pleine et entière de son identité et de sa mission, le temps de son triomphe sur l’ennemi. Pour établir son règne, Il utilise un ânon et une croix, signes d’humilité et d’abaissement suprême. C’est un roi « juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse », selon la prophétie de Zacharie ; il est élevé sur une croix, objet d’infamie et trône de sa gloire. Le Fils de Dieu s’abaisse, Il descend dans les ténèbres du péché et de la mort pour vaincre leur prince et libérer l’humanité de son joug. Librement Il assume les conditions de l’esclave pour en faire un homme libre. Jésus ne s’est pas dérobé à sa mission, Il entre dans sa Passion pour mourir et ressusciter, pour vaincre par la force de sa vulnérabilité. Jésus n’a pas pu être confondu par ses ennemis ; Il est vainqueur.

Dans sa Passion, Jésus déploie force et faiblesse ; Il montre la force de sa faiblesse, car « ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes », nous dit St Paul. Il est fort parce qu’Il est la Vérité et que la vérité finit toujours par triompher. Mais la Vérité est humble, elle ne s’impose pas, elle n’écrase pas, elle n’accuse pas, elle ne se protège pas contre ses ennemis. Humblement, elle confond ses adversaires, met en lumière la fragilité de tout pouvoir construit sur les compromissions et les mensonges, et imposé par la seule coercition.

Jésus est fort de la volonté de son Père et de sa propre obéissance jusqu’à la mort : Il témoigne de la force de l’obéissance filiale, secret de la vraie liberté. Jésus est libre ! « Je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. » (Jean 10, 17-18). Dans l’agonie de Gethsémani, Jésus témoigne de sa confiance envers son Père. Selon l’esprit du monde ou selon Satan, la confiance est une faiblesse. Pour Jésus et pour celui qui veut le suivre, la confiance est une force. En effet celui qui s’appuie sur lui-même est particulièrement fragile car il peut suffire d’un petit événement, d’un petit grain de sable, pour que tous ses projets s’écroulent ; tandis que celui qui s’appuie sur Dieu reçoit une force, une assurance intérieure. La confiance que Jésus manifeste vient guérir l’humanité du poison du soupçon et de la défiance suggérée par Satan à Adam et Eve.

Jésus est fort de l’Amour divin qu’aucun pouvoir, au ciel et sur la terre, ne peut vaincre. Rien ne peut arrêter l’amour de Dieu envers l’humanité. Le cœur humain peut résister à l’amour que Dieu lui porte, mais il ne peut pas empêcher Dieu de l’aimer. L’abaissement de Jésus et son élévation sur la croix sont le sommet, ici-bas, de la révélation de l’amour de Dieu. La croix rayonne la gloire de Dieu, c’est-à-dire l’éclat de son amour. Voilà jusqu’où Dieu a aimé chaque personne humaine. Or l’amour est vulnérable, l’amour entraîne une dépendance librement assumée. Aimer passe aux yeux de certains pour de la faiblesse.

Jésus est faible et vulnérable et pourtant Il fait tout concourir au bien de l’humanité et Il confond les puissants, comme nous le voyons dans son double procès. En entrant dans le monde, Il s’est livré aux mains des hommes et s’est offert à son Père : après les mains de Marie et de Joseph, ce sont les mains de ceux qui L’ont servi, les mains de la femme qui parfume son corps en vue de son ensevelissement, les mains des bourreaux, et enfin les mains du Père au moment de sa mort : « Père entre tes mains, je remets mon esprit » (Luc 23, 46). Jésus parce qu’Il s’abandonne à son Père, s’abandonne aux mains des hommes. Cet acte d’abandon est le moyen du salut de l’humanité.

En cette Semaine Sainte, contemplons la faiblesse de Jésus plus forte que toutes les puissances de ce monde ou que le prince de ce monde ; contemplons la victoire de la faiblesse selon Dieu et demandons la grâce d’apprivoiser notre propre faiblesse et de laisser Dieu l’habiter et la transformer, par sa grâce, pour qu’elle collabore à l’instauration de son règne. « Ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Cor 12, 9), dit Jésus à St Paul éprouvé dans sa chair. Jésus, par son abaissement, nous trace le chemin de la victoire, avec l’aide de sa grâce.
Nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes, mais nous pouvons être sauvés en nous abandonnant à Lui, dans la confiance. Le chemin de la victoire est celui de la vérité et de l’humilité, de l’obéissance filiale et de la liberté, de l’amour jusqu’au bout et de la confiance.

Méditons la faiblesse de Dieu qui triomphe de tout pouvoir au ciel et sur la terre, pour que nous sachions adopter une juste attitude de disciples du Christ dans les crises que traverse notre monde. Nos propres faiblesses ne sont pas un obstacle à l’avancée du règne de Dieu quand elles sont offertes ; au contraire, elles sont le moyen pour Lui de confondre les forts. Demandons la grâce d’être des disciples qui écoutent, qui ne se dérobent pas, qui acceptent de prendre leur croix.

Jésus nous a montré le chemin pour que nous marchions sur ses pas vers la victoire.

† Guy de Kerimel
Évêque de Grenoble-Vienne

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