La parabole des talents

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Homélie prononcée le 19 novembre 2023

Nous approchons de la fin de l’année liturgique. Dimanche prochain sera la solennité du Christ-Roi de l’Univers, dernier dimanche de l’année liturgique Et bien naturellement, les textes bibliques nous invitent à tourner notre regard vers « la fin des temps », le passage vers ce monde où tout sera récapitulé en Dieu.
Cet Evangile d’aujourd’hui fait suite à celui de dimanche dernier qui nous exhortait à la vigilance, à alimenter notre vie de l’huile de la Parole de Dieu. Il s’inscrit dans ce que les biblistes appellent le 5ème discours de Jésus dans l’Evangile de Matthieu et qu’on nomme volontiers : La venue du Fils de l’Homme. C’est un enseignement de Jésus à ses apôtres au cours duquel il répond à leur question : « En attendant ton retour, que devons-nous faire ? »
« Un homme, partant en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens ». Il distribue des talents. Un talent était l’équivalent de 6000 pièces d’argent, soit près de 20 années de salaire d’un ouvrier de l’époque…Pas rien !
Pour l’évangéliste Mathieu, est-il besoin de le dire ? l’homme qui part en voyage c’est Jésus ; les serviteurs c’est nous. Les talents c’est le patrimoine que le Seigneur nous confie : c’est sa Parole, c’est son pardon, c’est encore des frères et des sœurs à aimer. C’est ainsi que le Seigneur nous confie ses biens les plus précieux. Matthieu veut nous montrer comment nous comporter vis-à-vis ces dons que Dieu nous fait, lui notre Père.
Les deux premiers serviteurs savent faire bon usage des talents que le maître leur a confiés. Ils ne sont pas récompensés pour ce qu’ils ont fait mais pour leur confiance. Ils ont osé prendre des risques, ils se sont engagés pleinement, ils ont avancé en eau profonde, ils se sont sentis responsables, alors que le troisième serviteur a été tétanisé par la peur. Son souci de sécurité l’a perdu. Il rend ce qu’il a reçu, ni plus ni moins. Le compte y est. Il estime avoir fait son devoir religieux et être quitte avec Dieu, « J’ai eu peur » dit-il. Il y a dans son coeur une méprise fondamentale sur qui est Dieu. Dieu n’est pas un patron tout puissant avec lequel on signe un contrat. Et gare si nous ne le respectons pas ! Dieu est puissance d’amour Il nous invite à ne pas nous laisser envahir par une peur paralysante. Il nous invite à risquer, à nous salir les mains.
La parabole des talents nous renvoie à nous-mêmes dans notre façon de vivre notre vie chrétienne. Comment développer les dons reçus du Seigneur ? Comment mettre en œuvre dans notre vie la Parole de Dieu ? Quels chemins prendre pour aller plus loin dans notre cheminement spirituel ? Quel soutien aller chercher pour répondre aux attentes du Maître ? Cette Parole de Dieu est toujours vivante et active. C’est ce talent que les serviteurs que nous sommes reçoivent sous des formes différentes. Il s’agit d’abord du don de la foi qui est au cœur de nos vies, mais il y a aussi tous les « talents » qui l’accompagnent : qualités et dons de toutes sortes dont Dieu nous a enrichis.
Le maître part, mais il reviendra. On peut penser que le temps de son périple représente le temps de l’Église que nous vivons dans l’attente du retour du Christ à la fin des temps. Dans ce temps de l’Église, les dons de Dieu ne font pas défaut. Comme dans l’Évangile, certains peuvent reconnaître qu’ils en ont reçu en grande quantité, d’autres en moins grande quantité, à la mesure de ce qu’ils sont. Mais n’oublions pas que, dans tous les cas, ces « talents » font partie des biens du maître. Ils sont pour nous des dons de Dieu. Et qu’en faisons-nous ?
Ainsi Il ne s’agit pas seulement de les conserver comme un objet de musée. Il est important de les mettre en œuvre. Le salut ne se résume pas à dire « Seigneur, Seigneur ». Les œuvres et les gestes d’amour, de compassion, de partage font partie de la vie du disciple de Jésus autant que les paroles. C’est ainsi que la Parole de Dieu prend corps. Elle ne peut être comme un « talent » que l’on garde pour soi. Elle demande qu’on la répande, qu’on la proclame et qu’on la vive.
La description de la « femme parfaite » tirée du Livre de Proverbes que nous avons dans la première lecture va dans le sens du message de l’évangile. Cette femme a partagé ses « talents ». Elle les a fait fructifier. On comprend alors l’invitation à célébrer les fruits de son travail qui termine la lecture.
Et moi, qu’est-ce que je fais des dons reçus, qu’est-ce que je fais de la Bonne Nouvelle reçue ? En suis-je simplement le gardien, comme un gardien de musée ? Ou bien est-ce que je m’en sens responsable ? Est-ce que la Bonne Nouvelle guide mes choix et mes décisions ? Suis-je capable de choix, de décisions, de prises de risque à cause de l’Evangile ? Qu’est-ce que je fais pour faire fructifier les trésors que j’ai reçus ?
Autant de questions que chacun peut se poser. Le maître, le Christ, laisse à chacun et à chacune la liberté de faire ses choix. La réponse nous appartient. Mais ne restons pas endormis, soyons vigilants, comme St Paul nous y invite à travers la lettre aux chrétiens de Thessalonique !
Rendons grâces à Dieu aujourd’hui dans notre Eucharistie pour tous les « talents » donnés, particulièrement le don de sa Parole et demandons la grâce de savoir les recevoir et les faire fructifier pour sa plus grande gloire. En cette 7ème journée mondiale des pauvres et la journée du Secours catholique, aide nous Seigneur à semer plus largement la vie, la joie et l’espoir…Tu nous a comblés de dons. Qu’ils ne restent pas enfouis au creux de nous-mêmes, mais que nous les partagions largement !

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