Le banquet de noce

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Homélie prononcée le 15 octobre 2023

Une belle image, ce banquet de noces ! Jésus sait utiliser des situations qui rejoignent les personnes qui l’écoutent et qui nous rejoignent nous aussi aujourd’hui. Qui n’a pas de beaux souvenirs de moments passés autour d’une table avec des proches à déguster des mets appréciés, à boire un bon vin et à partager dans la joie et la fraternité. La première lecture note la qualité du menu du festin que Dieu prépare pour tous les peuples et ne ménage pas les qualificatifs : « viandes succulentes » et « vins décantés ». On n’a pas de difficulté à entrer dans l’histoire racontée par Jésus et il est facile de l’actualiser. Bien sûr, le Roi qui célèbre les noces de son fils c’est Dieu et le fils c’est Jésus. Qu’en retenir pour nous qui sommes réunis autour de la table de la Parole et du Pain ce matin… Je vous propose 3 points.
Le premier : le Roi, on le voit bien, vit pour le moins une forte frustration, une grande déception. Les premiers invités se défilent et s’en vont « l’un à son champ, l’autre à son commerce » et les autres s’attaquent aux serviteurs, les maltraitent et même les tuent.
L’histoire racontée ici par Jésus se situe à la fin de son ministère. Elle reflète une forme d’échec, apparent du moins, de sa prédication. Malgré les foules qui le suivent et courent l’entendre, ses contemporains, en majorité, restent fermés. Leur cœur est endurci. Ils veulent bien l’entendre, mais peu s’engagent à le suivre car son message est dérangeant et exigeant.
En effet, Jésus ne prêche pas autre chose qu’un renversement de perspectives où ce ne sont plus les gestes extérieurs qui comptent mais le cœur. Cet amour qui habite le cœur des petits et des humbles qui attendent tout de leur Père des cieux et se présentent ainsi revêtus, habillés, de ce que Jésus appellera à la fin de l’évangile le « vêtement de noces ».
Le deuxième point : l’abondance des mets, leur qualité, leur variété proposés pour le repas de noces indiquent que les appels de Dieu sont toujours généreux et sans limites. Le festin de noces est un moment de plénitude, de partage, de joie, ouvert à toutes les personnes invitées comme se doit de l’être le Royaume de Dieu.
S’il arrive que les invités ne répondent pas, le Roi - Dieu en l’occurrence –ne se laisse pas démonter : « Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce »
C’est l’universalité du message de Jésus qui s’adresse à toute personne qui veut bien l’entendre, qui ne fait pas de distinctions de couleur, de sexe, d’origine etc. C’est ce que saint Pierre et les premiers chrétiens finiront par comprendre. C’est ce dont témoigne ici l’évangile de Mathieu rédigé dans les premiers temps de l’Église et au sein d’une communauté de juifs convertis.
Saint Pierre comprendra sous forme d’une vision que vous connaissez certainement et que nous raconte le livre des Actes des Apôtres. Pierre, en bon juif, était tiraillé. Est-ce que les nouveaux convertis venus du paganisme devaient suivre les usages juifs. Certains autour de lui le pensaient. La vision que Pierre a eu lui a montré qu’il fallait être ouvert à tous ces nouveaux convertis sans les obliger à suivre les usages juifs.
Sous forme très imagée, Pierre voit dans un rêve toutes sortes de mets dont certains sont interdits aux juifs, et il entend cette parole : « Prends et mange ».
Il comprend alors l’ouverture universelle du message de Jésus qui n’a pas été envoyé seulement au peuple d’Israël, mais à toutes les personnes de bonne volonté quelles que soient leurs horizons et leurs origines. C’est bien ce qu’exprime Pierre et que nous rapportent les Actes des Apôtres. « En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes » (Actes des Apôtres 10, 34). Faisons nôtre cette affirmation alors que tant de voix s’élèvent pour attiser la haine.
Troisième point : dans cette parabole du festin de noces, n’y a-t-il pas une contradiction dans l’attitude du Roi. Le Roi invite tout le monde – « Allez à la croisée des chemins » - et pourtant, il réagit à la présence d’un invité qui n’a pas le « vêtement de noces ». Surprenant…
Ce vêtement de noce, c’était le minimum requis pour y participer…et j’ai lu qu’à l’époque, si on n’avait pas de quoi acheter un tel vêtement, c’est celui qui invitait qui le fournissait, si on le lui demandait bien sûr !
On peut penser que l’évangéliste Mathieu en ajoutant ce détail veut indiquer que pour devenir disciple de Jésus qui invite tout le monde, il y a des exigences incontournables. Ces exigences sont celles d’une véritable conversion du cœur qui se manifeste dans notre façon d’être et d’agir. Porter le vêtement de noces, c’est être converti. Cet habit nuptial nous est fourni par le sacrement de la réconciliation. C’est là que nous retrouvons notre dignité d’enfants de Dieu. N’oublions jamais que le Seigneur est toujours là pour nous revêtir de sa lumière et de sa gloire. Encore faut-il le demander.
Cette histoire du festin de noces termine une série de trois paraboles sur le Royaume de Dieu que l’évangile de Mathieu présente avant que Jésus termine sa prédication à Jérusalem où il sera condamné à mourir sur une croix. Les deux autres paraboles que nous avons entendues ces derniers dimanches racontaient l’histoire du père qui envoie ses deux fils pour travailler à sa vigne et celle des vignerons homicides. Chaque fois, un appel à la conversion.
Que cet appel à la conversion rejoigne notre cœur et pas seulement notre intelligence.
Ne loupons pas l’invitation que nous fait le Seigneur !
Répondons à l’appel du Seigneur par nos façons d’être et d’agir.
Ensemble, revêtu du vêtement de noces, venons à la fête de Dieu !
Ne faisons pas la tête ! Mais faisons la fête !
Amen !

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