Un prophète dans le désert

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Homélie prononcée le 10 décembre 2023

L’évangile de Marc qui nous accompagnera tout au long de l’année liturgique nous rapporte, selon les spécialistes des Écritures, ce que l’apôtre Pierre donnait dans sa prédication alors que Marc le suivait comme compagnon. Cette prédication était tournée vers ceux et celles qui voulaient rejoindre la petite communauté des chrétiens. Cet évangile est le premier écrit et le plus court des quatre évangiles. Pour vous, Arim et Guillaume, c’est cet Evangile qui est le support de votre marche vers le baptême.
Le mot employé par Marc pour décrire son ouvrage, c’est le mot « Évangile ». Marc présente tout son ouvrage comme un « Évangile ». Le mot « Évangile », un mot grec, signifie « Bonne Nouvelle ». On peut comprendre que la « Bonne Nouvelle » c’est le message qu’a proclamé Jésus ou encore que c’est Jésus lui-même qui est la « Bonne Nouvelle ». Et aujourd’hui, pour beaucoup, cette « Bonne nouvelle » est classée comme « fake news »… et pourtant !
En employant ce mot « Évangile » Marc se situe dans la suite des prophètes de l’Ancien Testament qui, comme Isaïe dans l’extrait que nous avons lu dans la première lecture, invitait le peuple d’Israël à accueillir le Seigneur comme une bonne nouvelle : « Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion... »
Tout au long de son évangile Marc aura à cœur de faire retentir comment Jésus et son message sont la vraie « Bonne Nouvelle » dont l’humanité et le monde ont besoin. Au tout début de son évangile, il nous invite à nous ouvrir à la « Bonne Nouvelle » en mettant devant nos yeux un personnage surprenant : Jean le Baptiste. Et Jean fait un tabac ! Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui. Pourquoi faire ? pour reconnaître leurs péchés et changer l’orientation de leur vie ; en un mot, pour se convertir. Et Jean avait le look qui allait bien : tunique en poil de chameau, nourriture spéciale : miel et sauterelles …les sauterelles qui s’étaient jetées sur l’Egypte avant la libération du peuple hébreux de l’esclavage …un prophète n’est-il pas en décalage avec la société ? Jean a tellement de succès qu’il pourrait penser se mettre à son compte et rouler pour lui…
Et pourtant ce n’est pas ce qui se passe : Jean parle de quelqu’un qui vient derrière lui. Pourquoi sa voix va-t-elle servir quelqu’un d’autre ? Pourquoi n’est-il pas digne de dénouer la sandale de ce quelqu’un d’autre ? Qu’a donc de plus fort et de plus grand ce quelqu’un d’autre ? Comment comprendre si nous ne laissons pas advenir en nous ce Christ, si nous ne sommes pas comme aimantés par lui. Jean n’annonce pas un programme, il rayonne de Jésus…D’ailleurs ça a commencé quand la mère de Jésus est venue visiter Elisabeth, enceinte de Jean. Et Jean tressaillit en elle…nous dit le récit de la Visitation. Oui, la relation de Jean avec Jésus n’est pas ordinaire. Et Jean en mourra décapité, lui qui met toute son énergie à préparer le chemin de Celui qui vibre en lui et à faire partager cette urgence de le reconnaître pour ce qu’il est : Le Messie, le Fils de Dieu.
Jean-Baptiste est comme la voix qui crie dans le désert dont parlait le prophète Isaïe « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ». C’est l’invitation qui nous est faite à nous ce matin. Comment le faire ?
Ce 2ème dimanche de l’Avent nous parle de désert. Le désert c’est ce lieu redouté où l’on sèche de soif, ou l’on peut mourir de solitude, où on peut se perdre. Mais le peuple de Dieu en a fait une expérience bien différente. Dans le désert, il a été sauvé. Dans le désert, Dieu a guidé et libéré les siens. Dans le désert, il leur a parlé, il les a corrigés, il les a nourris, il leur a montré son amour. Dans le désert, les épreuves deviennent des preuves de l’amour de Dieu, la solitude se change en plénitude, la soif tourne en désir la faim en prière. Et Jean nous invite à une vraie rencontre avec Jésus…Et pour le rencontrer, il faut accepter d’avoir des déserts dans nos vies quotidiennes. Il nous faut retrouver le temps, l’espace, la passion pour fréquenter le Christ Jésus.
Bien sûr, les soucis nous assaillent, les distractions possibles donnent le vertige…Et nous risquons d’oublier de créer dans nos vies des espaces de silence et de solitude. Des espaces pour écouter et pour rencontrer le Seigneur ; pour nourrir notre lien avec lui.
Bien sûr, c’est la saison des achats, des préparatifs pour fêter Noël. Mais ne sommes-nous pas dans ce temps de l’Avent qui nous invite à vous tourner vers le Christ. « Il est déjà venu et il viendra de nouveau, revêtu de sa gloire, afin que nous possédions dans la pleine lumière les biens que tu nous as promis et que nous attendons en veillant dans la foi » comme nous l’affirmons au début de la prière eucharistique. Ce temps liturgique de l’Avent est là pour nous aider à progresser dans cet accueil personnel renouvelé de la « Bonne Nouvelle » que nous avons choisie comme chemin de vie. C’est un choix qui demande ouverture et écoute. Quand je lis l’évangile, je dois le faire avec un désir de lumière sur ma propre vie et dans une démarche de vérité sur mon existence.
C’est ce que Jean-Baptiste dans sa prédication voulait favoriser en invitant les personnes qui l’écoutaient à se convertir et à le signifier en se laissant plonger dans l’eau du Jourdain. Cette eau pour nous symbolise l’eau du Baptême que nous avons reçu et que vous, Arim et Guillaume, recevrez bientôt. Un baptême qui va au-delà de celui proposé par Jean lorsqu’il dit : « Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ».
Baptisés dans l’Esprit Saint, nous entrons dans le chemin de conversion qui se continue tout au long de notre existence comme le souligne la deuxième lecture : « [Dieu] prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. »
C’est ensemble, disciples de Jésus, que nous nous retrouvons pour écouter, méditer et mettre en pratique la Bonne Nouvelle qui éclaire nos vies. D’ici Noël, restons éveillés et attentifs aux appels de la « Bonne Nouvelle ». Que cette Eucharistie où Jésus, Christ, Fils de Dieu nous rejoint personnellement par son Corps et son Sang soit pour nous un moment de vérité, d’accueil et de paix comme le dit si bien le passage de la Lettre de Saint Pierre que nous avons lu : « ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix. »
Amen !

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